samedi 28 janvier 2006

Jeux de cale à Beaumont le Hareng

-3°C dans le hangar, ce matin. Je doute qu’il y ait quelque fada auprès du petit mur orangé. Alors je ne m’y attarde pas. Pas de Cyclope As ni de Lutin. Faut dire que Six Clopes a déjà mangé le goudron de l’Eléphant bleu dernièrement, avec son beau vélo. Pas le fumant, le dopé. Un coup des automobilistes qui z’yont mis de l’eau sur la route gelée. Alors, ça veut dire pas de musique, cette musique des phrases qui donnent pourtant du rythme à nos machines. Machine adore le Pakistan, prétend Cyclobass. Combien de temps vais-je tenir seul dans ce froid, sans ces spécialistes dans l’art de décaler les sons ? Personne pour m’expliquer que, si les cornemuseurs marchent en jouant leur musique, c’est qu’ils tentent désespérément de s’éloigner du son. Personne non plus pour commenter les pancartes de St Ouen ou St Maclou. « T’imagines Maclou Court ou Ouen Thiry ! » Et même plus l’envie d’allumer un pétard dans la moindre côte. Pas de Cyclobass à la pancarte de Beaumont le Hareng, l’œil torve de ce poisson en bandoulière, affichant le regard éperdu de l’effort ; et de l’effroi, comme s’il avait été assailli par une théorie de farfadets dans les pentes de ce beau mont (non, ici ne cherchez pas de beau métier, professeur ; ni de bonhomme, ce recteur, c’est juste un beau mont inexploité) ; s’exclamant donc sous un placard de fard blême : « ça y est, j’sais plus qui j’suis ». Ce n’était pas un contrepet, non, seulement une déclinaison de notre grammaire cycliste. La semaine d’avant, nous avions retrouvé avec stupéfaction le syndrome des freins qui frottent. Passages inévitables, chaque année que Chronos fait. Mais les jours sont trop courts et en plus ils nous sont comptés. Alors je suis parti tout seul. Et revenu tout seul. Pas un seul petit cycliste sur les routes bien sèches de notre Normandie. Et même pas froid aux pieds. Une petite onglée passagère gauche avec le vent de nord-est frontal. Un léger soleil vers Argueil et le retour ensoleillé par le souvenir du même parcours effectué par une belle journée avec la meute cyclosophique. Quelques problèmes quand même : une fois le bidon gelé, pas la moindre goutte d’eau ! et le compteur sans doute ankylosé par le froid qui m’affiche une moyenne affligeante !

dimanche 15 janvier 2006

Démarrage en fanfare

Ce jour, c’est le démarrage en fanfare de la nouvelle année cyclosophique. Météo ne nous a pas abusé. Chacun a apporté, plus exactement amené, sa galette. Et sa fraise. Nous sommes trois heureux élus. Un peu poussifs mais vaillants. Le contrepet lui aussi démarre à cent à l’heure, nous entraînant dans son sillage. Faire taire le luth n’est pas chose aisée, nous n’y parvenons que dans la côte du Mont Péreux pour laisser la contrebasse donner le rythme. Une longue cogitation produit cet aphorisme remarquable : « Il n’y a pas de descente de Fontaine-le-Bourg. Il n’y a qu’une côte que nous descendons. Car la descente n’existe pas, elle est l’inversion de la côte faite à l’envers. » L’inversion de la descente qui nous mène à Rocquemont voit la contrebasse redonner le tempo. Tandis que le luth explose la durite d’alimentation d’une corde essentielle et nous quitte, nous poursuivons tendus vers un fumet de hareng. Beaumont révèle le vent contraire et c’est la messe folle qui nous voit regagner nos contrées.