mardi 5 septembre 2006

FOLLE JOURNEE I I

Une autre version de la Folle Journée 06, moins lissée que celle présentée par notre ancien journaliste de la Pravda Deovdra Moutchelikov, se murmure de roue en roue dans les écheveaux cyclistes sillonnant notre contrée. Intrigué j’ai tenté, sans réel succès, d’en savoir plus. Je n’ai pu obtenir que quelques clichés pris par un nomade, donc sans foi ni lieu. Sur le premier l’on y voit bien, en un lieu qu’on peut situer sur l’ancienne route de Neufchâtel, avant la bifurcation vers St Saëns, donc pas très loin de Rouen, la petite troupe des cyclosophes en partance, suivie par les quelques accolytes qui les accompagnèrent sans doute pour se régaler à leurs frais d'un croissant neufchâtelain. Là, l'image confirme la prose, ça roule, ça déroule, ça enroule et ça déboule .

Mais quelques km plus loin et quelques côtes plus loin, après la pause neufcastellane, la réalité est tout autre. Pour quelques-uns, il est indéniable qu’elle a tourné à l’apocalypse. Le feu appelant l’eau, les carbonisés s’y jettent

dimanche 3 septembre 2006

La très folle journée du 2/9

6h30 départ Boulingrin avec Hubert, Fred et Jérôme Luth, nous rejoignons à 6h45 sur le plateau Jibé, Dédé désangles et Cyclobasse. Le vent est faible "ouest-sud-ouest" donc direction vers le nord, il fait doux.(Pour les néophytes, "la folle journée" est une marque et un concept déposé par les cyclosophes rouennais, sur une idée d'un de leur éminent et fourbe lascar, qui consiste, au plus près du jour le plus long de l'année, à rouler du lever au coucher du soleil là où le vent choisit de nous pousser: 2001 = Neuvy-sur-Barangeon à 333 kms, 2002 = Moulins-la-marche àprès 249 kms, 2004 = Grammont (Belgique) après 330 kms, 2005 = Peronne après 250 kms). Au départ nous choissisons d'emprunter l'ancienne nationale jusqu'à Neufchâtel-en-Bray (Café, photos et adieux déchirants aux musiciens), puis Callengeville où nous posons devant la maison natale, ancien Café-Bourellerie des ancêtres de Denis, puis Foucarmont (salut Hubert) et filons, les quatre lascars, toujours par la nationale (D928) vers Blangy-sur-Bresle puis Abbeville. Devant le peu de circulation, alors que le vent se lève progressivement et que les kilomètres défilent, nous nous dirigeons toujours par la nationale, vers Le Boisle, Hesdin puis Fruges où un médiocre déjeuner nous attend au Café des sports après 155 kms. Départ par une "deux chevrons" par la D104 pour garder le vent arrière jusqu'à Thérouanne (près de Saint-Omer) où Fred fait changer un rayon de sa roue voilée en 8 minutes par un papy vélociste pour la somme de 2 euros. Nous ne quittons plus les petites routes, D 190, 255, 161 jusqu'à Cassel, après avoir essuyé quelques gouttes de la seule des averses qui nous étaient promises, monter moultes côtes, apprécier le vent de plus en plus conséquent affichant la vitesse entre 30 et 35 km/h sur nos compteurs et tailler la bavette avec un inoubliable bicycliste local à l'accent ch'nord et ne se déplaçant jamais sans sa pompe à pied ! Après un plantureux goûter au Shopi de Cassel et une inénarrable descente aux pavés vibreurs nous filons vers Watou (frontière belge de rase campagne) Proven, Oostvleteren. L'achat d'une carte routière belge se révèle indispensable afin d'extrapoler notre point d’arrivée (radio-guidage de Lucas oblige). Quelle n’est pas notre surprise, après avoir envisager Dunkerque, Saint-Omer ou Lille comme point de chute, de s'apercevoir que nous irions sûrement jusqu'à Bruges et peut-être même plus loin jusqu’à la frontière batave vers Sloeiiiiuet, non Suisss, non Sluuuiiit, non Sluis qui se prononce Sleeeeiiieeuusse ! Ce sera juste jusqu’à la nuit, il reste 80 kms et il est 18h30, le chemin n'est pas direct, le plus souvent enchevêtré entre des petites routes sans numéro. Nous gagnons cependant Diksmuide en longeant un magnifique canal qui se révèle être l’Yser dans un grandiose paysage de polder. Reste à atteindre Bruges qui se mérite au prix de quelques détours et nombre d’informations glanées auprès des indigènes flahutes. L’arrivée sur Bruges est grandiose en vélo avec des pistes cyclables dignes de ce nom et un accès privilégié à l’hyper-centre où nous sommes précédés par un jeune bisnessman moulinant comme un dératé sur le vélo de sa sœur et cherchant à nous semer au point que Jibe, dans un grand éclat de rire, lui emboîtera la roue jusqu’à la Grand-place pour le ramener à la raison . Moment magique de ces folles journées, toutes au bonheur du vélo sportif optimisé par le vent, (un peu long certes mais passées les six premières heures vous ne sentez plus vos jambes et la question de continuer n’est plus d’ordre physique – aucune plainte pour crampe signalée- mais métaphysique), avec les rencontres et les surprises entre pitreries et émerveillements. Qui aurait pu prévoir que nous serions là, mangeant tous, ébahis, un sandwich à la saucisse locale, au milieu du décor renaissant de Bruges luisant de tous les feux du couchant ? Personne, pas même Jean-Paul Ollivier. Restaient encore quelques lueurs et la perspective d’arriver en Hollande ( pas la Suisse : Sluis), pousser par un vent déchaîné tout comme nous est vraiment trop belle. Il faut pour ça trouver la route; on finit par trouver la piste cyclable qui nous mène à Damme le long d’un canal qui doit nous conduire directement à Sluis après 20 kilomètres. Mais rien n’est trop simple dans ce pays où une bordure de giratoire fait chuter notre dédé, pourtant le plus fringuant d’entre nous, occasionnant de belles éraflures, sans trop de mal heureusement, et où les canaux et les pistes cyclables se ressemblent . Cela nous vaudra un bon détour de 12 kms et une arrivée nocturne à la lueur de nos téléphones portables protégés quand même par le clignotant arrière de Fred, notre ange-gardien. Arrivée à Sluis donc à 22h, après 314 kms et 11h30 de vélo à près de 29 km/h de moyenne. Un bon samedi, une folle journée 1er cru. Eddy Pancarte.