mardi 29 novembre 2005

Des lacets et des cols

ces lacets tranchants, à l’image de leurs pentes, assistent plus souvent qu’on ne le croit à la fracture soudaine du lien de vie qui relie le corps cycliste en action au désir qui le meut. Ce fil coupé, avant même que le rêve de zénith caressé ne soit atteint, il s’effondre brutalement, géant déconnecté, pantin chiffonné, Antée privé de toute force vive, dans l’obscurité de son humanité creusée par la brisure de son élan

ou ces lacets tremblés, adéquats à cet autre état du cycliste mis à mal par l’escarpement et sa durée, qui le voient tirer des bords entre la muraille et l’abîme qui le cerne déjà. Inexorablement, il remonte le lit d’un obstacle invisible mais palpable par ses oscillations incertaines. Tiré à hue et à dia, il ne s’échappe de cet enlisement ébrieux que par l’espoir fuligineux en un au-delà prochain, plus souriant, seuil vainqueur qu’il brûle de toucher. Sinon il s’affale mollement, avatar loqueteux déjà tout effiloché, vrillé par cet éclat de blancheur sauvage qui efface toute trace de conscience et le plonge dans la profonde torpeur du nadir

Aucun commentaire: